Le chêne vert (yeuse)
Le chêne vert , a eu la chance de se développer parce qu’il savait pousser là ou rien d’autre ne poussait. L’agriculture et l’homme n’ont pu le chasser de son territoire. Ou pour être exact, l’homme l’a chassé des plaines fertiles, et ne lui a laissé d’autres choix que de devenir ascète. Il l’est devenu, et se satisfait d’une pluviométrie ridicule (400mm par an). Il façonne les territoires méditerranéens et leur donne cette éternelle verdeur.
Un peu de Mythologie ?
Le chêne vert était le plus majestueux des arbres, dans la mythologie hellénique. L’arbre était l’habitat du dieu, identifié à lui. Telle fut l’origine des chênes sacrés et des bois sacrés. D’après Hésiode, au IV siècle avant l’ère courante. Zeus rendait des oracles dans la forêt de chênes verts de Dodone au nord de la Grèce, le sanctuaire le plus célèbre de la contrée. Et c’est dans le bruissement des feuilles que l’oracle décryptait les messages de Zeus.
C’est aux branches d’un chêne que l’on suspendit la toison d’or (Légende de Jason et des argonautes). C’est aussi dans un chêne sacré de Dodone que l’on tailla le mat du navire des Argonautes.
Ulysse consulta cet oracle dans l’Odyssée d’Homère pour savoir comment rentrer à Ithaque.
Le saviez vous ?
L’Espagne est couverte de forêts de chênes verts (Quercus Illex variété Ballote). Ils couvrent plus du tiers de sa surface arborée totale de l’Espagne (de 3 Millions d’ hectares de chênes verts exploitables), ce qui représente la moitié de la surface mondiale de chênes verts. Cela n’est pas de trop quand on sait le nombre de magnifiques jambons dits « bellota / patta negra » que l’Espagne produit et exporte.
Pour les forts en maths, un chêne produit 20 à 25 kilogrammes de glands chaque année et chaque cochon ibérique va manger entre 6 et 10 kilogrammes par jour pendant ses 4 mois de la « glandée » d’octobre à janvier (soit 800Kg en plus d’autres herbes). Ils vont s’engraisser d’environ 1 kg par jour pendant cette période. Le gland du chêne vert est en effet bourré de sucres et d’amidon. A raison de 50 chênes par hectare, et un cochon par hectare, un équilibre semble trouvé entre la production annuelle de 1 million de porcs ibériques, et la taille des forêts espagnoles.
Cette forêt (Dehesa) est le meilleur exemple d’un système agro-animal dans lequel l’intervention de l’homme a été « respectueuse » du milieu naturel. Dans ce beau paysage des pâturages arborés du Sud Ouest de la Péninsule Ibérique, les cochons Ibériques partagent son utilisation avec d’autres espèces domestiques et autochtones comme la vache retinta ou la brebis mérinos, ainsi que de nombreuses espèces sauvages qui ont trouvé leur refuge dans les pâturages arborés de la Dehesa.
Le saviez vous ?
On vente souvent la qualité des paysages corses, où le chêne vert s’épanouit, avec des arbrisseaux comme le filaire, l’églantier, le pistachier-lentisque, l’arbousier.
Mais ces paysages corses étaient ceux il y a quelques siècles de toute notre région méditerranéenne qui abritait des forêts de chênes verts. Le caractère accueillant de ces terres y a permis le développement de civilisations brillantes pour l’homme, mais beaucoup moins pour la végétation. Les paysages d’aujourd’hui , fait de garrigues ou de roches lessivée sans végétation sont un semi désert fabriqué de la main de l’homme.
( extrait du livre de pierre Lieutaghi , le livre des arbres …éditions acte Sud)
Le saviez vous ?
De nos jours, seuls les sangliers, pigeons ou geais ou cochons d’élevage mangent les glands. Mais d’après Pline l’Ancien, dans les pays méditerranéens, les glands de Quercus ilex ont précédé les céréales dans l’alimentation de l’homme. Ils sont restés une base d’alimentation mélangés avec du blé et d’autres graines pour faire du pain dans les années de disette. On les mangeait aussi à la braise comme les châtaignes.
Des études sérieuses montrent que nos sols s’appauvrissent avec une agriculture “horizontale” type céréales, sous perfusion d’engrais chimiques, et qu’il est sérieusement envisagé dans certaines fermes écologiques pionnières de revenir à des récoltes “plus verticales” dans les arbres de type chênes , châtaigniers, sans apport d’engrais. Dans quelques générations, les hommes mangeront peut être à nouveau des glands , et ne s’en plaindront pas…
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