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Le comte de Choulot, créateur visionnaire


Paul de Lavenne, Comte de Choulot est certainement l’un des plus grands paysagistes  du XIXe siècle, bien que son nom ne soit pas toujours connu du grand public.

Connaisseurs et initiés le considèrent comme un homme exceptionnel, qui compte à son actif plus de 280 parcs et jardins réalisés avec autant de méthode que de passion.

Paul de Lavenne, Comte de Choulot

Paul de Lavenne, Comte de Choulot

Il naît à Nevers le 31 janvier 1794. A 20 ans, il devient garde du corps du Roi Louis XVIII, avec le rang de lieutenant de Cavalerie, fonction qu’il exerce 10 ans jusqu’à la mort du souverain en 1824, et qui lui vaut le titre de comte de Choulot. Il devient Capitaine général des chasses de Chantilly et gentilhomme de la chambre du duc de Bourbon à l’avènement de Charles X.
La Révolution de 1830 le rejette dans l’opposition et la clandestinité. Il assiste (en temps qu’agent secret de liaison) la duchesse de Berry dans sa folle équipée qui tente de destituer Louis-Philippe de la branche cadette des Bourbons.

Après ces tumultes qui lui ont valu de graves blessures, Paul de Choulot décide à 40 ans de gagner sa vie différemment et  se lance dès lors dans la création de jardins. Il est très consulté et devient rapidement un professionnel respecté. Les influences des paysagistes anglais Repton & Loudon se remarquent très nettement comme en attestent ses carnets de dessins.

Personnage discret, le désormais paysagiste Paul de Choulot développe un rapport alchimique avec la nature et joue avec elle en permanence, tout en la respectant. D’une étonnante modernité, son “Traité sur l’art des Jardins” se situe à la croisée des chemins de la philosophie et de l’écologie moderne. Paul de Choulot s’impose comme une référence, et les plus grands paysagistes puisent leur inspiration dans son étude théorique et pratique de l’Art des Jardins. Il se situe à l’antithèse de la géométrie de Lenôtre, grand adepte des tracés rectilignes. Pour le paysagiste Paul de Choulot , «Il ne faut pas chercher à embellir ni à imiter la nature mais au contraire composer avec elle.» Bien loin des lignes droites et des agencements symétriques,  Paul de Choulot aime donner des formes souples au paysage pour le repos de l’œil. L’art des jardins devient grâce à  lui un art de vivre.

Structures de paysages régulières ou principes de compositions irrégulières, le Comte de Choulot, génial concepteur des espaces verts du Vésinet, a fort bien traité cette mixité d’espaces à la fois structurés et libres. C’est certainement à travers sa propre vision et avec ce principe mixte qu’il a su créer un rapport harmonieux entre la Ville et son environnement campagnard immédiat de l’époque.

villa au vesinet-med

Dessin du comte de Choulot représentant un lac imaginaire “au Vésinet”

 

Citons le :

« J’étudie l’ensemble des combinaisons auxquelles peuvent se prêter les accidents du terrain, les arbres déjà existants, la direction des vues et les points d’horizon les plus favorables à l’effet général…. Pour créer un ensemble qui devient pour les yeux la propriété de chacun. »

« La direction des coulées ou prairies, ouvertes dans l’intérieur du bois, par conséquent bordées d’arbres à droite et à gauche, devait conduire l’oeil du dessinateur sur les collines où il n’eût eu que l’embarras du choix s’il n’avait dû tenir compte, pour ses routes comme pour ses coulées, du cours du soleil qui crée, à certaines heures de la journée, et pour certains aspects, des ténèbres éblouissantes de lumière qui dérobent aux yeux les tableaux qu’on a devant soi. Ce n’est donc que par une marche oblique par rapport au soleil, que les routes et les coulées doivent s’avancer dans la direction des objets »

« Dans les plans du Vésinet, la grande coulée, celle partant du Grand lac qui reste à faire, s’inclinait, pour cette raison, d’abord un peu à droite, vers Saint-Germain, et ensuite à gauche, où les yeux rencontraient l’ombre des bois pour se reposer des éclats de la lumière : il en est de même des routes découvertes ; quant aux rivières, leurs effets étant intérieurs et ne pouvant acquérir de la grandeur qu’en se séparant du tout dont l’étendue les eût amaigries, elles cherchent, autant que possible, l’ombre des arbres et la fraîcheur des bois : quelques cascatelles en diversifient les aspects et donnent du mouvement à ces parties pittoresques recherchées du public. »

« Des lacs, des rivières, de vastes prairies, nues ou parsemées de grands arbres, de puissants groupes d’arbres verts contrastant avec la couleur des chênes et des bouleaux, les festonnages pittoresques des lignes de faîte des bois, parfois trop uniformes, obtenus par des abatis exécutés avec intelligence et précaution, tels étaient les moyens offerts à l’artiste pour faire entrer, dans une harmonie générale, les teintes vaporeuses des lointains, les effets, plus rapprochés, des collines et les tons changeants d’un ciel pur ou chargé de nuages. »

« Les massifs, ces blocs de verdures lourdement posés sur les pelouses, semblent attendre, pour la plupart, que le ciseau du sculpteur les taille pour offrir aux regards des contours gracieux, des formes harmonieuses, des saillies pour arrêter la lumière et des creux pour la repousser. La position de ces massifs doit être aussi rigoureusement marquée sur le terrain par la perspective que la place d’une fabrique ou d’un bouquet d’arbres dans un tableau sur toile ; et la perspective aérienne, c’est-à-dire le rapport de la teinte des premiers plans avec les derniers et l’horizon, indique la nuance de verdure de ces massifs, par conséquent l’espèce d’arbres dont ils doivent être formés. »

« …quelques beaux arbres habilement combinés pour encadrer le fond d’une riche vallée, une seule route traversant l’épaisseur de ces massifs pour arriver à un banc placé sous l’ombrage de ces vieux arbres, ce peu de détails, impressionnera plus vivement l’imagination qu’une création compliquée, qui eut ôtée à cet espace son mérite essentiel, celui de faire partie d’un grand tout. » 

Le Comte de Choulot meurt en 1864, huit ans seulement après le début des travaux, avant d’avoir vu leur achèvement.

Pour de plus amples informations sur le comte de Choulot, consultez les pages qui lui sont consacrées sur le site de la Société d’Histoire du Vésinet.